Marie Moreau
L’OCÉAN INFINI
Ferran Cremades i Arlandis
LA CLÉ DE MA LUMIÈRE
Je prends la clé de ma lumière pour vous l’offrir comme une flamme. Il y a un moment où je sais que la toile est terminée. C’est l’harmonie des couleurs. Peut-être après d’une petite touche de pinceau. Peut-être ce n’est pas le tableau que je cherchais, mais c’est le tableau que j’ai trouvé lors de la quête. Je ressens la même émotion que lorsque je trouvais dans mon enfance l’un de ses trésors que je cachais dans le tronc du vieux saule. C’est un moment qui me semble éternel à cause de la joie qu’il m’offre. J’attends l’oeuvre parfaite que je cherchais tout au long de ma vie. Mais c’est le frisson de la recherche qui fait glisser les touches de pinceau à travers la toile. C’est ma seule certitude. L’oeuvre terminée me regarde sereinement, comme l’océan après une tempête. Mon inspiration a surgi comme une impulsion d’un désir naturel et physique ou un battement d’âme. Soudain, j’ai l’impression qu’il y a un chemin ouvert qui me mène quelque part. La fin de l’oeuvre c’est comme une naissance. Chaque oeuvre naît à sa propre vie. Une vie à part entière qui se configure et grandira aux yeux de ceux qui la contemplent et l’apprécient. Dans chaque oeuvre, j’essaie de combler le vide d’un doute ou de révéler l’éclat d’une nouvelle découverte. Il n’y a aucun sentiment d’atteindre un certain objectif. Juste une nuit de paix et de sérénité pour continuer sur la voie d’une quête incessante.
La première peinture que j’ai fait de ma vie c’était la mer. Un jour, avec mon petit doigt mouillé avec la salive, je frottais les paquets dans l’épicerie de ma Grand-mère pour trouver des couleurs et peindre mes premières esquisses. La petite Marie que j’étais avait 6 ans.
Au fur et à mesure que je grandissais, mes émotions au contact de la nature devenaient de plus en plus fortes. Comme si moi je ne faisais plus qu’un tout avec elle. La pluie. Le vent. Le froid. Le soleil. La lune. Le bonheur de respirer l’air pur. Je me souviens que je parlais aux oiseaux.
J’ai commencé à jouer du piano à l’âge de 5 ans. Mon Professeur était âgé de 80 ans. Il était Ier Prix de violon au conservatoire de Lille. Au début il paraissait austère. Il était très patient! J’avoue que j’étais bien plus attirée par la cage avec deux superbes perroquets qu’il y avait dans la pièce où on travaillait que pour le piano, les gammes et le métronome.
Avec les jours, le Professeur a transformé sa présence austère dans une figure pleine de douceur et de patience. Il avait appris à respecter mon rythme de travail tant et si bien que, à l’âge de 10 ans, je jouais toutes les valses de Strauss et quelques pièces de Brahms, de nombreuses gammes.
Avec la Nature je connais la Terre Promise. Je ne cherche pas le vent qui me parle comme un absolu, j’espère juste entendre l’écho d’un sentiment. On peut dire qu’au début je fais des essais sur la représentation de l’arbre parce que jamais je n’ai pas trouvé une réponse satisfaisante, mais un chemin de recherches constantes qui m’a permis la découverte des trésors. Jour après jour je m’efforçais de dominer le vide de la toile. C’est une lutte quotidienne du temps qui passe ensuite. Une lutte de mes peurs et de mes espoirs.
Je me souviens des fenêtres ouvertes et la pluie qui tombait sur la mer. Je me souviens de l’âge de l’innocence où parfois les choses arrivent sans qu’on les attende. Je me souviens du vent qui soulevait des nuages de sable. Le sel de mer dans mes yeux et mes lèvres. Ce ciel plein de nuages qui chevauchaient sur des taches d’encre noire. Cette Mer du Nord éclairée par des tons gris, verts et bleus. Ce rivage de sables ocre et jaune foncé. Les poissons avec des écailles d’argent et des tons bleus. Tout est enregistré dans ma mémoire. Même aujourd’hui, quand mon doigt est taché de peinture, je pense aux vagues de la Mer du Nord.
La plage est un chemin sans fin. Assise au bord de la mer, l’artiste regarde l´horizon après le long voyage. Bientôt elle perçoit le parfum d’un air frais qui sent les roses sauvages et qui lui évoque les années de son enfance. Dans ses yeux elle a des larmes qui ont le goût du sel et de sable. L’artiste sent la nostalgie des oeuvres qui sont sorties de l’atelier pour traverser d’autres océans et atteindre des endroits inconnus. C’est la beauté de la Nature qui a guérie toutes ses blessures. La journée est belle malgré la couleur gris plomb qui tombe du ciel. Le vent siffle partout. Le printemps est venu et le vide de l’horizon se remplit de vie.
Dans l’art, il n’y a pas de doutes. Il y a des certitudes. Le nu est le miroir de la beauté et aussi de la vérité. Dans l’intimité il y a le nu de la contemplation et le nu de la possession. Le nu régi par l’intensité de l’instinct ou de l’amour le plus doux. Il n’y a pas d’oeil surveillant, pas de regard répressif du voisin. On goûte les plaisirs du nu qui se balancent dans une houle de pensées érotiques qui laisse intacte une essence élevée et parfaitement pure. Quand la nuit est venue, le nu déborde toutes les limites sous l’ombre de l’arbre de l’amour ou sous un ciel étoilé.
Le livre catalogue L’Océan Infini est très dense et complet.
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Livre Catalogue: L’OCÉAN INFINI. Marie Moreau.
Couverture: LES ASTRES. Encre et collage. 2020.
Textes: © Ferran Cremades: Le Langage artistique de Marie Moreau.
Mise en page: Roger Cerveró Fuster – 2020.
Impression: Septembre 2020.